Johann E. Walz
Le Donon, de l’aube au couchant.
Dernière mise à jour : 27 juin 2021
Hello cher Lecteur, chère Lectrice !
Aujourd’hui, je te propose de découvrir un autre haut-lieu de la vallée de la Bruche: le Donon !
Dès la préhistoire on lui veut un caractère sacré qui ne le quittera pas. Les Romains consacrent le site à Mercure et il aurait présidé à la conception de Victor Hugo ! Dans un joli cadre montagnard, empruntons un sentier de découverte à la fois historique et archéologique, jalonné de vestiges du passé plusieurs fois millénaire !
Très fréquenté et visible de loin, situé sur la commune de Grandfontaine, le Massif du Donon constitue avec ses 1009 m d'altitude le point culminant des basses-Vosges, à la jonction de l’Alsace, des Vosges, de la Meurthe-et-Moselle, et de la Moselle. Il offre une vue à 360° tant sur la ligne bleue des Vosges que sur l’Alsace et la Moselle. Bien sur, le massif du Champ du Feu y est visible, tout comme il y est parfaitement observable. D’après certains, une énergie vibratoire très forte entoure ce sommet.
Séparé par un petit col forestier, un autre somme se trouve plus à l’est : Le Petit Donon, d'une altitude légèrement inférieure (964 m). Le sommet ou le temple du Donon est érigé atteint 1009 m d'altitude. Il domine de près de 700 m la vallée de la Bruche et est visible des Hautes Vosges comme depuis de nombreuses villes mosellanes. En hiver, les conditions climatiques permettent parfois une vue sur les Alpes !
Le trajet et temps estimés de la balade sont de 2.2 km pour 40 mn de montée. Il faut se garer et partir du parking du "sentier des bunkers" au dessus de l’hôtel restaurant « le Velleda » à 744 m. Pour s’y rendre, on empruntera la D1420 depuis Molsheim et la D392 en traversant Schirmeck. Les D44 et D993 y mènent depuis la Moselle. (On se gare ici : 48°30’29.86’’N et 7°09’00.02’’E ). On notera une moyenne de 250 m de dénivelé positif depuis le parking jusqu’au sommet. La monté se mérite et reste compliquée par le fait qu’il s’agit d’une montagne gréseuse. Aussi, énormément de cailloux et rochers émergent des sentiers et il faut souvent enjamber ceux-ci. Oublions la poussette. Privilégions aussi de bonnes chaussures de marche, de l'eau et une collation !

La première partie du trajet se fait agréablement dans une forêt à la fois de feuillus et de conifères magnifique en été comme en hiver.
On y croise ensuite menhirs érigés et sculptures antiques. Nous passons alors à coté d’une énorme roche nommée le "rocher à bassins", qui aurait peut-être servi d’autel à sacrifices au moyen-âge !


Ensuite, le cheminement s’avère quelque peu plus raide mais surtout semé de roches et caillasses, petits obstacles et escaliers. Sur la fin du parcours, l’un des chemins d’accès est pavé. Quelques mètres avant lui se trouve un escalier taillé, un petit raccourci vers cette voie pavée ou "chemin des Sarrasins".


Le pylône rouge et blanc est sans doute la première chose que l’on aperçoit, avant même d’entamer l’ascension. Le relais hertzien est édifié peu avant 1970 face au temple-musée, dénaturant le site et perturbant l'environnement tellurique des lieux.
Le sentier thématique tout autour du site renseigne sur bien des aspects de celui-ci et reste très instructif !
Des stèles sont visibles autour d'une sorte d'amphithéâtre, érigées en demi-cercle. Elles représentent les dieux Mercure, Vogesus (dieu de la chasse dans les forêts profondes ayant donné son nom... au massif des Vosges !), Cernunnos et Jupiter. On trouve aussi les vestiges d’un temple ayant servi au culte de Mercure vers l'an 103 ap.J.C. Malheureusement, celui-ci a été démantelé au 18ème siècle pour la construction de réservoirs d’eau aux forges de Framont à Grandfontaine. Un puits ou citerne se trouve sur un chemin plus à gauche. En cheminant vers le temple à l’époque, nous pouvions comprendre qu’un autre temple fut construit en gros blocs de grès, avec charpente et toit de pierres, sculptures de têtes humaines entre autres chapelles consacrées aux dieux en dessous de la grande dalle de grès du sommet. Cette dernière comporte maintes gravures et sculptures à même la roche, en témoins de la longue histoire du site.
Un peu d’histoire…
Visité depuis le Néolithique soit 3000 av.J.C., il reste des vestiges d’enceintes fortifiées datant de 1000 av.J.C. visibles autour du sommet.
Le Donon semble tenir son nom de Dunum, "dun", signifiant montagne en gaulois et "dunos" pour enceinte fortifiée. Certains documents datant de 1172 le citent sous le nom de "Ferratus Mons", "Ferratus" pouvant être traduit par férré ou garni de fer et "Mons" étant traduit par montagne. Depuis 1436, le Donon prend son nom actuel.
A partir du 1er siècle sous l’empire romain, un grand temple est consacré au dieu Mercure, invoqué pour obtenir la richesse, la protection des biens ou l’honneur. Le culte prend fin au 4ème siècle avec les invasions barbares et les pillages. Les recherches archéologiques prouvent d’ailleurs qu’un grand temple dans la place nommée l’esplanade fut détruit par le feu entre le 7ème et le 8ème siècle, avant que ce sanctuaire ne tombe dans l’oubli.
Les frères Hyacinthus Alliot (abbé de Moyenmoutier) et Petrus Alliot (abbé de Senones) entreprirent les premières fouilles de l’endroit au 18ème siècle, et découvrirent les restes des temples. Maintes fouilles eurent lien depuis, la dernière effectuée étant celle de 1934 à 1938.
Quand à ceux qui s'intérogent sur l'origine de la structure d'architecture gallo-romaine au sommet de la montagne, voici son origine:
Le Docteur Charles BEDEL fut le seul praticien de la vallée de la Bruche de 1860 à 1875. En 1869, il fit bâtir le temple à douze colonnes que l’on connait aujourd’hui, sur la plate-forme du sommet. Il fit aussi paver le "chemin des Sarrasins" en contrebas du site. Le temple servira de musée jusqu’en 1958. Les pièces restantes n’ayant pas étés pillées sont conservées au musée archéologique de Strasbourg et au musée d’Epinal.
Jusqu'en 1870 le Donon appartient au département des Vosges, mais suite à la défaite française (conflit Franco-Prussien), il y a annexion de l’arrondissent vosgien de Schirmeck rattaché alors à l'Alsace-Lorraine.

La région fut le théâtre de batailles durant la 1ère et 2ème guerre mondiale, en attestent les vestiges visitables en suivant l'itinéraire du sentier des bunkers. Les allemands occupèrent le Donon après en avoir délogé les français en 1914 (en témoigne la Bataille du Donon), faisant ainsi du lieu de culte de jadis une place forte. Concernant l’escalier cité plus haut et situé presque au sommet du site, il fut taillé durant la 1ère guerre mondiale par des soldats allemands afin d’accueillir Guillaume II… qui n’est jamais venu ! Tant pis pour le Kaiser, les randonneurs, eux, se régalent.

De l'aube...
... Au couchant.
En 1976 fut construit au col, tout proche de l’hôtel-restaurant, un petit téléski qui desservait une piste de ski alpin (240 m de long pour un dénivelé de 46 m). Aux environs de 1985, tout fut abandonné en l’état. Il faut savoir que dans le massif des Vosges, quarante stations ont été créées et une quinzaine ont définitivement fermé faute de neige. En 2020, l’ONF (Office National des Forêts) annonce que des discutions sont en cours pour démanteler les restes du téléski. Pour ce qui est des tracés de ski de fond, près de 40 km de pistes sont balisées pour skier. Les sentiers peuvent aussi êtres empruntés durant l'hiver pour effectuer une boucle de plus de 4 km en passant par le sommet, en raquettes à neige !
En tout temps, du moins pour autant qu’il soit possible d’en retracer l’histoire, le Donon attire les foules. Les rêveurs ont peut-être raison. Il s’en dégage sans doute quelque chose, une énergie mystérieuse comme teinté de magie rien qu’en le voyant au loin, palpable aussi pour ceux capables de ressentir les choses une fois là-haut ! Clairement, un lieu qui incite à la visite, à l'évasion, le temps d'une journée d'été comme d'hiver.
Je te souhaite belle découverte, et n’oublie pas de me laisser ici ton impression !

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